«M. Yvan, vous écrivez à l’occasion qu’il faut se méfier des «effets locaux» au Kamouraska qui peuvent engendrer certaines contradictions par rapport aux prévisions publiques. Que voulez-vous dire au juste

 

À priori, il faut avouer que l’élaboration d’une prévision météorologique n’est pas une sinécure ! Les météorologues doivent travailler avec la contrainte de faire des «prévisions médianes» puisque le territoire couvert par celles-ci est énorme. De toute façon, ce n’est absolument pas envisageable de produire des prévisions pour chaque petite région et encore moins pour chaque ville. Régulièrement, un simple déplacement de quelques dizaines de km d’un centre dépressionnaire transforme une prévision de 10 cm de neige à rien du tout en moins de quelques heures.

 

Ceci étant dit, il faut ajouter à ça l’aspect orographique (le relief) qui influence l’état du ciel, le type de précipitation, la direction et la vitesse du vent, etc.

 

Imaginez le défi que vivent les prévisionnistes qui doivent composer avec tous ces facteurs (et bien d’autres encore), mais avec l’obligation de faire un texte de quelques lignes qui est représentatif d’une grande partie du Québec! Par exemple, pour notre coin de pays, les météorologues d’E.C. font un texte qui doit couvrir, d’ouest en est, St-Roch-des-Aulnaies jusqu’à Trois-Pistoles et du fleuve jusqu’à la frontière Maine/Témiscouata du nord au sud!!! Rajoutons à ça des facteurs particuliers pour certaines villes qui viennent modifier les éléments de la nature et nous pouvons très rapidement nous retrouver avec des conditions bien différentes de ce qui était écrit sur papier, c’est bien certain!

 

Par ailleurs, il faut comprendre également que les météorologues, comme la plupart des scientifiques, utilisent un logiciel (une interface) qui comporte nécessairement certaines limites. Les prévisions dépendent de tellement d’éléments que, si nous tenions compte d’absolument toutes les variables avant d’émettre une prévision pour le lendemain, nous serions déjà rendu au… surlendemain!

 

Nous avons toutes les raisons du monde d’être fiers de nos météorologues québécois puisqu’ils relèvent de nombreux défis et je juge qu’ils se surpassent dans ces conditions.

 

Donc, pour en revenir à nos moutons, le Kamouraska est reconnu pour ses phénomènes météorologiques particuliers lorsqu’une dépression, par exemple, nous amène une situation bien précise.

 

Il faut savoir premièrement que le tronçon ou la vallée du St-Laurent est la plus encavée se situe approximativement entre Montmagny et le Kamouraska avec 30 km séparant les Laurentides (environ 900 m) et les Appalaches (jusqu'à 600 m dans le coin du Lac Trois-Saumons) ; c’est probablement la pièce maîtresse ici! Sur une carte météorologique, lorsque les isobares (lignes de pression) à l'échelle synoptique (carte représentant un grand territoire) sont orientées NO-SE ou N-S (vent NO ou N) la circulation est perpendiculaire à la vallée, ce qui modifie l'orientation des isobares au Kamouraska par convergence/divergence, ce qui implique un changement des vents au sol qui vont alors souffler dans l'axe de la vallée.

 

Les différences locales de température entre les secteurs riverains et ceux à l’intérieur des terres engendrent également une variation journalière du champ de pression local et de stabilité ce qui renforce ou contre un effet purement orographique. C'est pour cela qu'avec ce genre de circulation, les vents du NO se calment généralement le matin sur la Côte-du-sud et deviennent faibles. Peu à peu, le vent du SO commence à souffler à l'Île d'Orléans et s'étend vers l'est plus tard, parfois même jusqu'à RDL. Pendant ce temps, les vents soufflent de l'O à Québec et du NO à RDL. Ils sont particulièrement forts dans le coin de l’Isle-Verte/Trois-Pistoles puisque le corridor de vents forts canalisés dans le Saguenay se jette là-bas. Le soir, le vent redevient NO sur la Côte-du-sud jusqu'au lendemain matin.

 

Concrètement, cela signifie aussi qu’à l’occasion, au lieu d’avoir des vents NE à 70 km/h, nous avons des vents à 30 km/h… Au lieu de recevoir 30 cm de neige, nous n’en recevons que 10 cm, alors que tout autour il tombe vraiment 1 pied de neige. Le contraire peut très bien se produire aussi…

 

 

 

* Cette capsule a été créée grâce à la participation de M. Olivier Fortin, météorologue chez EC, section Analyse et pronostic à Dorval.

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